• Une large majorité des connaissances et des compétences que nous avons acquises l’ont été au cours d’interactions et d’apprentissages informels, au contact de collègues, de partenaires ou de clients. Aujourd’hui, l’apport des neurosciences et du digital permet de repenser la façon dont les entreprises développement les compétences de leurs collaborateurs. Nous en avons discuté avec Nicolas Bourgerie, président-fondateur de Very Up, expert en matière de co-conception et co-production de parcours de formation innovants et sur-mesure.

    “Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la formation »

    Informations Entreprise : Développer durablement des compétences en 2 jours de formation en salle ou en 20 minutes de e-learning, vous n’y croyez pas ?
    Nicolas Bourgerie : 
    Il existe en France une particularité culturelle liée à la façon dont la formation a été financée pendant de nombreuses années, qui en faisait une ligne de dépense obligatoire, puisque les entreprises avaient cotisé pour. Et puisque celles-ci bénéficiaient du financement quasiment intégral des formations, elles se préoccupaient parfois trop peu de leur efficacité, s’attachant plus aux moyens mobilisés et à la satisfaction à chaud qu’aux résultats concrets et durables sur leurs équipes. Mais ce temps-là est révolu. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la formation. Les entreprises de toutes tailles doivent faire face à des changements permanents et leurs cycles sont de plus en plus courts. Le développement des compétences n’est plus, dès lors, considéré comme une obligation administrative mais comme un enjeu stratégique pour améliorer leur performance, pour accompagner leur transformation culturelle, pour attirer et fidéliser les talents et pour accompagner des changements permanents.

    IE : Développer durablement des compétences en 2 jours de formation en salle ou en 20 minutes de e-learning, vous n’y croyez pas ?
    NB :
     En réalité, pas vraiment. Plus on mesure l’impact des dispositifs de formation existants, plus on se rend compte qu’un simple moment formatif, qu’il dure 20 min sur un ordinateur ou deux journées en salle avec un expert, ne va pas générer, le plus souvent, les résultats attendus par l’entreprise. Aujourd’hui, l’argent dépensé dans la formation est souvent un vrai gâchis. Avec les mêmes moyens, on peut faire beaucoup mieux ! Les entreprises se rendent bien compte que mobiliser une personne une journée dans une salle avec un formateur ne va pas changer fondamentalement sa manière de travailler, son comportement, ses rapports aux clients… On peut sans doute la sensibiliser mais pas développer ses compétences durablement.

  • IE : Alors que doivent faire les entreprises, selon vous, pour que ça fonctionne mieux ? 
    NB : Elles doivent arrêter de voir la formation comme un moment mais comme un processus permanent où chaque collaborateur est tour à tour celui qui apprend, celui qui forme, celui qui fait, celui qui analyse ce qu’il a fait, celui qui partage ce qu’il a appris… En réalisé, le rôle de l’entreprise est de faire en sorte que ses collaborateurs ne cessent jamais d’apprendre et qu’ils deviennent les acteurs de leur propre formation. Par exemple, si vous voulez former votre équipe de managers à de nouvelles façons de travailler et de collaborer, utilisez le digital learning pour leur transmettre des méthodes innovantes pour faire des réunions, lancez-leur des défis sur le terrain pour leur faire expérimenter ces nouvelles méthodes, mettez-leur à disposition des espaces de discussion et d’échanges, en ligne ou pas, pour leur permettre de partager leurs expériences et utilisez les moments en salle pour répondre à leurs questions et pour leur faire produire des livrables immédiatement utilisables pour eux. Ce n’est qu’en mettant les participants au cœur de leur formation et en variant les façons de les former que les entreprises pourront changer durablement les compétences de leurs équipes.

    IE : Vous estimez donc que l’investissement massif dans la formation en présentiel et depuis quelques années, en e-learning, a longtemps été mal orienté ?
    NB :
     Ni le full présentiel ni le full digital ne sont satisfaisants. La solution passe par le blended learning, pourvu qu’il soit adapté à la culture de l’entreprise. La technologie doit en effet rester un moyen, pas une finalité ! Les grands groupes comme les PME s’en rendent bien compte : le fait de réinventer les formations en salle, de proposer du présentiel augmenté en injectant des briques digitales, ludiques et collaboratives ou encore de structurer l’apprentissage sur le terrain a un potentiel énorme. Une conscientisation d’autant plus forte que les entreprises ont l’opportunité de faire plus et mieux, avec moins ! Pour autant, quelle que soit leur taille, elles ont souvent besoin d’accompagnement pour développer ces nouveaux modèles de formation et y apporter de la valeur pédagogique, tout en embarquant les équipes. Chez Very Up, c’est notre métier de les accompagner dans ces démarches pour leur apporter de la méthode, de la valeur pédagogique, notre maitrise des technologies digitales mais surtout, des résultats immédiatement observables.

  • IE : C’est un vrai changement de paradigme… Ces nouvelles façons de former représentent donc un challenge autant qu’une aubaine pour les entreprises ?
    NB : 
    Effectivement ! Nous ne sommes plus dans le schéma du consultant externe censé former les salariés, mais dans celui du facilitateur qui vient challenger les supports, les compétences et les savoir-faire déjà présents au sein de l’entreprise, pour favoriser leur diffusion au moyen de formations innovantes et pertinentes, où l’on apprend en prenant du plaisir ! Les entreprises détiennent beaucoup de valeur en elles-mêmes, pourquoi ne feraient-elles pas fructifier cet existant ?! Ce que nous proposons, c’est de bouleverser la méthode en concevant avec nos clients leurs formations sur-mesure, quel que soit le sujet (parcours d’intégration, formations métier, parcours managériaux…). Nous challengeons le fond et nous apportons de l’innovation et de la valeur pédagogique. Nous déployons avec nos clients des parcours de formation immersifs, vivants, agiles, individualisés à grande échelle, plus en phase avec les attentes de l’ensemble des participants. Nos objectifs : accélérer la montée en compétences collective, révéler et fidéliser les talents, améliorer l’employabilité et la polyvalence des collaborateurs, dans l’idée de permettre à chacun d’être acteur du changement. Autant de facteurs clés de performance donc de compétitivité pour les entreprises, qui doivent cultiver leur adaptabilité pour prospérer dans un environnement hautement évolutif et concurrentiel !

    IE : Comment ce changement de paradigme est-il vécu par les collaborateurs ?
    NB :
     Leur adhésion aux nouvelles modalités de formation est très forte. Ils se forment pendant le travail, ils sont invités à échanger entre eux, ils peuvent retrouver et consulter à tout moment les supports de formation… Ils sont responsabilisés. Les collaborateurs deviennent acteurs de leur propre montée en compétences et sont appelés à apprendre des autres autant qu’à leur transmettre, notamment à travers le partage d’expériences, la mise en commun du vécu. Toute forme d’apprentissage informel doit être valorisée ! Cette approche sociale et dynamique constitue un levier majeur de formation pour amener chacun des participants le plus haut possible. L’enjeu de demain : produire du sur-mesure de masse. L’impact est très fort en matière d’envie, d’engagement de chacun. L’équilibre entre les aspects fun et consistant y est pour beaucoup. Il est même essentiel. Une révolution dont nous ne vivons que les prémices. L’avenir de la formation s’annonce aussi prometteur que passionnant !