• « La grande peur de l’intelligence artificielle », « Les métiers les plus menacés par l’intelligence artificielle », « Cet ‘ogre numérique’ qui angoisse les travailleurs » : ces quelques titres médiatiques1 ne sont qu’une petite sélection des publications des derniers mois. Plus de la moitié des Français percevraient l’IA comme une menace2. De l’autre côté de l’Atlantique, 71 % se disent préoccupés par l’exposition accrue à l’IA3.

    Si « l’éco-anxiété » a récemment fait son entrée dans le dictionnaire, la question qui se pose est alors : à quand le tour de ce que l’on appelle plus communément l’« IA-anxiété »4 ? Et celle-ci engendre les suivantes… Comment pouvons-nous la réduire ? Quel est le rôle de l’entreprise ? Que peuvent faire les managers pour (encore mieux) accompagner leurs collaborateurs ?

  • 1. Imaginez…* 

  • Certains de vos collaborateurs sont stressés à l’idée que l’IA puisse réaliser une partie de leurs tâches quotidiennes. Ils voient passer de plus en plus de publications promouvant les différents outils et se sentent parfois perdus, voire menacés5.  Il y a tellement de nouveautés tous les jours qu’ils ont l’impression de ne plus pouvoir suivre. Et en plus, leurs clients et leurs prospects les challengent déjà et demandent de produire plus vite et moins cher, ce qui devrait (selon eux) être possible, avec des IA.

    Soucieux de les aider, vous décidez alors de les réunir et de leur offrir une conférence d’un spécialiste de l’intelligence artificielle qui leur apporte de la clarté, de la nuance et les encourage à tester différents outils pour créer in fine de l’apaisement. Ils apprennent alors que :

    • l’IA « c’est juste des programmes informatiques qui simulent l’intelligence humaine » ;
    • ChatGPT, bien que nous puissions avoir l’impression qu’il comprend, qu’il pense et qu’il raisonne, « il ne fait que de la statistique : il prédit juste le mot le plus probable » ;
    • nous avons tout intérêt à considérer l’IA comme un « super-assistant » qui va nous aider à être plus efficaces plutôt que de s’en méfier.

     De plus en plus rassurés, vos collaborateurs découvrent alors des exemples précis d’outils qui embarquent des IA à tester dans leurs quotidiens respectifs. Dès le lendemain, ils font : ils testent, ils évaluent avec esprit critique et ils adoptent uniquement les outils qui leur servent vraiment, tout en créant, eux, une vraie plus-value, grâce à leurs méthodes, leurs idées et leurs innovations.

  • 2. Qu’est-ce qui a permis une telle émulation positive ?

  • Quelqu’un les a aidés à bien nommer les choses, ce qui a permis de clarifier et de créer du soulagement6. En apprenant plus sur l’histoire et le fonctionnement des IA, ils ont compris que l’intelligence artificielle pouvait surtout être utilisée à bon escient pour accroître leur intelligence humaine7. Ils ont alors décidé de tester différentes IA, ils se sont mis à faire, se sont engagés activement plutôt que de subir et de se sentir submergés. En passant d’une certaine passivité à l’action, ils ont créé des groupes de travail pour expérimenter, pour croiser leurs expériences et pour apprendre les uns des autres. Chacun a ainsi pu se recentrer sur sa valeur unique, la valeur qu’il ou elle peut créer grâce son intelligence et sa créativité. Ce fameux supplément d’âme qu’aucune IA ne nous apporte à ce jour.

    Comment expliquer un tel résultat ?

    Si nous devions mettre des mots quelque peu savants sur ce qu’ils ont vécu, nous pourrions mobiliser la théorie cognitive sociale8 pour dire que leur sentiment d’efficacité personnelle a considérablement augmenté et, ce faisant, la croyance en leur capacité à faire, ainsi que leur confiance en leur pouvoir d’action.

    L’angoisse augmente lorsque nous avons l’impression de ne pas pouvoir contrôler les choses. Scientifiquement, cela s’appelle un « locus de contrôle externe ». Ce que les mots de l’intervenant, les expériences concrètes et l’apprentissage collectif ont permis est le passage à un « locus de contrôle interne9 » qui s’accompagne de la croyance vertueuse que « le sort » dépend de nous plutôt que des facteurs extérieurs. Autrement dit : nous sommes des acteurs de notre propre destin10.

  • 3. Quelles soft skills pour réduire l’IA-anxiété ?

    • Être à l’écoute active et empathique de ce que vit chacun et agir rapidement sur les doutes et sur la part du fantasme qui peut générer de l’angoisse #care11
    • Adopter une posture de facilitateur et apporter de la clarté pour aider chacun à envisager sereinement l’avenir en tirant profit des IA #upskilling12
    • Augmenter le sentiment d’efficacité personnelle en aidant chacun à tester, à faire et à évaluer avec esprit critique #agentivité13
    • Encourager l’apprentissage collectif en stimulant la création de groupes de travail et en ritualisant des retours d’expériences partagés #pairagogie14

    Apprivoisons nos doutes comme une force.

    Adoptons un learning mindset15 qui nous permet de grandir continuellement.

    Transformons notre pouvoir d’agir en antidote au sentiment d’impuissance.

    Réconcilions, définitivement, soft et hard skills car l’omniprésence des IA nécessite à la fois sa compréhension et sa maîtrise technique mais aussi des aptitudes socio-cognitives16.

    Accordons toujours plus de place au faire car c’est (aussi) en expérimentant et en créant que notre confiance se développe et que l’anxiété et l’angoisse s’amenuisent.

    Et méditons ceci :

    « Avoir confiance en soi, ce n’est pas être sûr de soi. C’est trouver le courage d’affronter l’incertain au lieu de le fuir. Trouver dans le doute, tout contre lui, la force de s’élancer. »17

  • Julia Heinemann
    Directrice Management & Soft Skills

    *L’histoire que je vous ai demandé d’imaginer, mes collègues et moi, nous avons eu la chance de la vivre, à la House of Learning, grâce à Nicolas Bourgerie, Président de Very Up et CEO de Teach Up, qui a fait intervenir Frédéric Oru, CEO d’AI4Better, pour éclairer toutes nos équipes sur l’intelligence artificielle lors de notre dernier séminaire.