Former aux sujets techniques : l’art de simplifier sans rendre simpliste

Il y a des savoirs qu’on regarde comme des sommets : complexes, inaccessibles, jargonneux, réservés aux initiés.
Microbiologie, cybersécurité, bioclimatisme, électronique de puissance, gestion des risques de solvabilité, procédé de polymérisation, radioprotection… Et tous ces savoirs “tacites” que personne n’ose vraiment cartographier.
On les dit intransmissibles : trop techniques, trop denses, trop risqués à vulgariser.
Et pourtant, ce sont souvent ces savoirs-là qui font la différence. Ceux qui méritent d’être rendus opérationnels, sans être simplifiés et dénaturés.
Quand l’expertise se fait de plus en plus pointue, sa transmission au-delà du cercle des spécialistes/initiés devient un enjeu stratégique majeur. Notamment pour les équipes de terrain, les forces de vente et les fonctions support qui doivent gagner en efficience, en crédibilité et en autonomie dans leur quotidien professionnel.
Alors LA question qui revient souvent, c’est bien : comment former sur des sujets complexes sans simplifier à outrance ni mobiliser les experts pendant des mois ?
Voici 3 clés que nous appliquons chez Very Up pour transformer un contenu expert en levier d’apprentissage… et de performance.
- 1. Traduire, pas simplifier
Le réflexe à éviter ? Vouloir tout simplifier. L’enjeu n’est pas de rendre un contenu “simple” : il s’agit de le rendre intelligible, sans l’appauvrir.
Cela suppose un travail fin de traduction pédagogique, avec les experts métiers, pour :
- Identifier ce qui est vraiment utile et activable pour celui qui doit acquérir la connaissance ou la compétence
- Reformuler sans dénaturer
- Trouver les bonnes images mentales, analogies ou exemples terrain qui font “tilt”
C’est ce que nous avons fait avec BioMérieux, sur le programme Microbiology Learning Episodes.
Chaque épisode a été co-construit avec un ou plusieurs experts.
L’objectif de notre collaboration ?
Traduire avec justesse les contenus, sans trahir la rigueur scientifique.
Notre méthode pour travailler avec les experts sans leur prendre trop de temps ?
Prenons l’image du chercheur d’or, cherchant à extraire des « pépites ».- Première étape, repérer le « bon filon » : identifier l’enjeu de formation, les compétences à capitaliser, ainsi que les experts pertinents sur le sujet. L’important à ce stade est de définir un périmètre pertinent et réaliste, ni trop étendu ni trop restreint, avec une intention claire.
- Deuxième étape, ramasser les sédiments bruts et passer un premier tamis « grossier » : s’immerger le plus possible dans le sujet et rentrer dans le fond, en fonction des moyens disponibles (immersion sur le terrain, collecte et analyse de documentation…). L’objectif ? Comprendre la composition du sol et commencer le tri sans les experts pour ne pas trop les mobiliser, tri qui sera ensuite affiné avec eux.
- Troisième étape, passer un à plusieurs tamis plus fins : poursuivre la sélection avec les experts en approfondissant le sujet et en séparant avec eux les éléments critiques des éléments plus communs, pour hiérarchiser les savoirs et savoir-faire les plus critiques.
- Dernière étape, fondre les pépites et façonner l’or : transformer ces compétences clés en formulations pédagogiques claires et progressives, pour les ordonner dans un parcours à impact.
Contrairement à l’or, ce n’est pas la densité du contenu qui fait son impact. C’est la clarté de son intention et sa finesse.
- 2. Donner voix aux experts… dans un format qui les sert
Deuxième levier : changer le canal, pas le message.
On a tous vu un expert passionné disparaître dans un PowerPoint indigeste.
L’enjeu est double :- Libérer sa parole
- Choisir un format qui rendra son savoir accessible, incarné, vivant
Et dans ce contexte, rien de mieux que miser sur la multimodalité. Le podcast ou encore la vidéo, sous des formes interview, témoignage ou reportage terrain constituent des leviers efficaces : ils donnent de la liberté, de l’authenticité, de la proximité.
À retenir :
L’expertise captive si elle est transmise dans un format vivant, incarné, adapté à l’usage.
- 3. Fragmenter, scénariser, ancrer
Enfin, dernier levier : penser l’apprentissage comme un parcours, pas comme un bloc.
Quand un savoir est complexe, il faut :
- Fractionner en modules à la carte
- Ancrer chaque notion dans une situation concrète
- Lier l’apprentissage à une logique métier claire
Penser des épisodes et les connecter permet de relier les apprentissages à un usage, de trouver la bonne granularité face à une problématique ou une question fréquente.
C’est ce qui permet aux apprenants de se saisir de l’expertise à partir de leurs besoins, sans dépendre d’un parcours linéaire.
À retenir : Ce n’est pas en simplifiant qu’on crée les conditions de la transmission. C’est en reliant les sujets au quotidien, à l’usage, à la réalité terrain.
Chez Very Up, on appelle ça : rendre l’expertise praticable.
« Susciter le désir d’apprendre et faire accéder à la joie de comprendre, voilà l’enjeu essentiel de toute (…) formation. »
Philippe Meirieu
Podcast, vidéo, capsule interactive, conversation simulée, motion design… Les options sont nombreuses pour capter l’attention, et il s’agit bien là d’une compétence pédagogique aussi essentielle que structurer un module. Ce n’est jamais trahir l’exigence que de soigner la forme – c’est lui donner toutes les chances d’être reçue, comprise, mobilisée.
La forme ne relève pas seulement de la pédagogie : elle est aussi une question de marketing de la formation.
Valoriser une formation, raconter pourquoi elle existe, à quoi elle sert, ce qu’elle peut débloquer, pour qui, dans quel moment de l’exercice de son métier… Tous ces ingrédients conditionnent l’adhésion.Auteurs : Solange DERREY WEHBE & Pierre BARRIER
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